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HISTOIRE DE COURSE

 

Automne 1979, j’ai 22 ans, je viens de terminer ma seconde saison de stock car à l’autodrome de Saint Félicien au Lac Saint Jean. L’année précédente, la saison 78 avait été plus courte car étant alors militaire dans les forces armées canadiennes, cela avait limité grandement ma présence à l’autodrome. Par contre, l’été 79 a été fort en émotions car j’ai pu rouler ma Ford Torino 1969 sur l’asphalte du circuit ovale qui existe encore actuellement, et qui était déjà à l’époque doté d’un circuit routier. Piste où l’on a même eu l’honneur de voir évoluer le grand Gilles Villeneuve au volant de sa formule Atlantic commanditée par Skiroule. Le programme des courses de stock car auxquelles je participais le dimanche débutait vers 13h. La plupart des pilotes se présentaient à la piste vers 11h – 11h30 le matin, mais dans mon cas c’était plutôt vers 7h30 les mêmes matins que je me rendais au circuit en hurlant devant l’entrée pour que le gentil propriétaire de la piste vienne m’ouvrir. La raison pour laquelle j’étais là si tôt est que si j’aimais bien tourner en rond sur l’ovale lors des courses de l’après-midi, je préférais de beaucoup passer l’avant-midi à évoluer sur le circuit routier de l’autodrome. Juste de penser que je roulais sur la même asphalte où avait roulé Gilles Villeneuve mon héro me rendait fou de joie. Et vous savez, tourner à gauche c’est ben le fun mais une zone de freinage, quelques virages à droite, c’est aussi très excitant. Si la Torino était ma voiture de course, ma voiture de tous les jours était une Honda Civic CVCC 1978, un des premiers moteurs multi-valves de Honda (oui vous voyez que j’ai déjà roulé en japonaise !).

 

A l’autodrome de Saint Félicien, les samedis étaient consacrés aux courses d’accélération sur 1/8 de mille. Je m’y retrouve un bon samedi avec ma nouvelle épouse à observer les courses. Je m’ennuie un peu car les courses d’accélération n’ont jamais vraiment été ma tasse de thé. Je m’apprête à quitter avant la fin du programme lorsque l’annonceur maison hurle dans les haut-parleurs : « On ouvre une nouvelle classe de rue, les gens du public intéressés à s’inscrire dans les classes 8, 6 et 4 cylindres, veuillez-vous rendre au bureau d’enregistrement ». Je me lève d’un bond. Ma nouvelle épouse me demande où je vais, je dois lui mentir car je sais qu’elle ne voudra pas me voir inscrire notre Honda presque neuve dans la course en question. Déjà que de me voir en stock car le dimanche la fait capoter : « Tu vas finir par te faire mal », « on vient juste de se marier », « c’est pas le temps de te casser le cou », « les courses c’est dangereux », « j’haïs ça » et ainsi de suite…

 

Alors je lui dis que je m’en vais aux toilettes, je cours au bureau d’inscription, et je me retrouve dix minutes plus tard sur la piste derrière les lumières de départ qu’on appelle communément l’arbre de noël. Il y a ma nouvelle épouse qui hurle dans les gradins mais je ne peux pas vraiment l’entendre car j’ai la voiture au point mort et déjà le pied au plancher. L’aiguille du compte-tours flotte allègrement dans la zone rouge, et comme je sais que je ne réussirai pas à impressionner personne avec les performances de la petite Honda, je décide d’impressionner autrement. Je tourne les roues complètement vers la gauche, j’ai toujours le pied au fond, les gens dans les estrades commencent à se demander ce que je fais donc, lorsque le feu passe au vert : je lâche l’embrayage subitement. Imaginez l’impact que le joints de cardan viennent de recevoir. Je tourne rapidement le volant de gauche à droite pour garder l’auto en ligne droite, je parcours le huitième de mille et je reviens par le circuit routier que je connais comme le fond de ma poche à cause de mes nombreuses escapades du dimanche matin. Le circuit routier se termine sur le virage penché de l’ovale asphalté, j’y débouche comme un fou et le monsieur qui est payé pour nous remettre notre carte de performance est debout dans une petite cabane en bois tout au bord de la piste. Je ne ralentis pas, je tire le frein à main ce qui fait glisser la voiture de travers et je m’en viens ainsi en dérapage frôler la cabane de M. chronomètre avec ses petits cartons. Il veut mourir de peur. J’ai fait ça tout l’après-midi. Par la suite, à chaque fois qu’il me voyait partir sur la ligne de départ, il sortait de sa cabane et partait  littéralement à courir pour s’éloigner de moi et de mes dangereux dérapages. Il doit être certain que je veux le tuer ! Dans les gradins le public hurle de rire, je fais mon petit show, les gens sont contents, et c’est le cœur joyeux que je rentre à la maison.

 

Il y a juste un hic : les mauvais traitements que j’ai imposés aux joints de cardan ont eu un résultat catastrophique : en effet, dans les roues avant ça brasse, ça fait du bruit, j’ai de la misère à tenir le volant tellement il « shake » dans toutes les directions. Il y aura des frais. Mais heureusement, je me dis que la Honda est presque neuve, elle est donc encore sous la garantie. Le lundi matin, je me présente chez Léo Automobiles Honda à Chicoutimi et je dis au gérant du service : « Je ne comprends pas, il y a comme un petit problème avec ma conduite, voici ma carte de garantie, pourriez-vous vérifier ça ? » Le patron du concessionnaire, Monsieur Léo lui-même, m’a vu entrer au service car son bureau est situé juste au-dessus de la porte d’entrée. Un appel est logé au gérant de service qui me demande de monter voir M. Léo dans son bureau. Petit compte-rendu de la conversation :

 

- « Eh Michel, tu l’aimes-tu ton Honda ? »

- « Monsieur Léo, j’adore ce petit char là »

- « Pis, tu es ici pourquoi ? »

- « Oh, entretien courant, petits problèmes dans le devant, sûrement rien de sérieux, de toute façon bravo M. Léo, la garantie Honda est vraiment excellente. »

- « T’étais où Michel en fin de semaine ? »

- « Ben vous savez M. Léo, les dimanches je cours en stock car : j’ai fini 3ème. »

- « Et samedi ? »

- « ……… samedi ? Euh… »

- « Je le sais t’étais où samedi Michel, j’étais dans les estrades à Saint Félicien ! »

Et là, ça part :

- « ‘Coudonc Michel es-tu fou ?! Qu’est-ce que tu fais à ta voiture, elle est pas garantie contre les têtes brulées, As-tu idée de quoi vont avoir l’air tes joints de cardan, j’imagine les plats que t’as fait sur les pneus arrière avec ton frein à main, le pauvre moteur qui hurlait, ça sentait le disque d’embrayage brulé jusque dans les estrades, prends-tu de la drogue ou si t’es juste fou naturel ?! »

 

Je veux me cacher sous le bureau. Il se lève, prend une grande inspiration, il est rouge tomate. Il ouvre le tiroir de son bureau, je me dis ça y est, il va tirer. Il tire plutôt du tiroir un dossier tout en couleurs qu’il lance devant moi. « As-tu déjà entendu parler de ça ? » Sur le dossier il est écrit « la série Honda BFGoodrich ». Il me dit : « t’es fou, mais je dois avouer que t’as un bon coup de volant ».

 

Et là, on s’enflamme. Je m’imagine déjà sur la piste dans cette catégorie où toutes les voitures sont semblables, là où c’est vraiment le pilote qui fait la différence. C’est une série de soutien qui évolue autant au grand prix de Trois-Rivières, au grand prix de Montréal, qu’à Mosport. Des noms comme Jacques Villeneuve, Richard Spénard, Marc Dancose sont en train d’y commencer leur carrière. Ma carrière de coureur automobile commence elle aussi maintenant. Tout va très vite. Comme à ce moment-là je suis directeur de crédit dans une institution financière de la région et que j’ai trois succursales des rôtisseries Saint-Hubert comme partenaires d’affaires, je saute sur le téléphone et les réunis tous pour le soir même à leur restaurant de Chicoutimi. Un appel est logé à la maison mère de Montréal le lendemain matin, l’offre de commandite est acceptée et quelques jours plus tard, les dirigeants de la série acceptent non seulement que la voiture soit peinturée aux couleurs des célèbres autos de livraison Saint-Hubert, mais ils acceptent même que le coq que l’on retrouvait sur les autos de livraison soit installé sur la voiture de course. Imaginez le coup de pub pour Saint-Hubert et l’attraction portée sur la voiture et son pilote, c’est-à-dire moi ! Deux jours plus tard, tout est réglé, la voiture s’en vient, on sera prêt à la repeindre, à installer les arceaux de sécurité, les barres antiroulis et tout le tralala. Léo a même accepté de reprendre mon Honda en échange de l’auto de course. Je suis au paradis.

J’invite ma nouvelle épouse à souper chez Saint-Hubert pour lui annoncer la bonne nouvelle : « Chérie, je vais faire une saison de course dans la série Honda BF Goodrich commandité par Saint Hubert ! » Elle a failli s’étouffer avec son poulet. Elle s’est levé d’un trait au bout de la table, et me hurle en plein restaurant : « J’en ai assez de tes courses, je suis tannée d’avoir peur, tu vas faire le choix tout de suite : ça va être les courses ou moi ». Comme elle avait encore son couteau et sa fourchette en main… j’ai pas pris de chance, j’ai choisi… elle !

 

Ma carrière de pilote n’a pas commencée en 1979. La commandite de Saint-Hubert est tombée, la voiture a été vendue à un autre pilote et c’est dans les estrades du grand prix de Trois-Rivières que j’ai jalousement regardé s’amuser ferme les autres sur le circuit. Pour ce qui est de mon Honda Civic CVCC, je l’ai perdu lors de mon divorce à l’automne de la même année. Car oui, 10 mois après notre mariage, ma charmante épouse et moi on se séparait. Notre mariage était fini, la saison de course était finie, ma carrière de pilote était finie, avant même de commencer.

Je suis finalement devenu humoriste et ça fait 34 ans que je rêve de refaire une saison complète en course auto.

 

C’est en 2017 que le rêve s’est enfin réalisé et c’est en équipe de trois voitures que le team Racing Barrette est né ! Mes fils Martin et Nicolas ainsi que le vieux fou du volant. 

 

Comme j’expliquais plus haut … , le rêve de compléter une série complète en course automobile s’est concrétisé grâce à la venue de la coupe Nissan Micra. Et tant qu’à rêver, pourquoi pas ne pas partager ce rêve en famille. Non seulement Nicolas 25 ans a rapidement levé la main pour être le deuxième pilote de la famille, mais son grand frère Martin 27 ans a décidé de mettre de côté sa passion pour le motocross acrobatique (à mon grand plaisir, moi qui n’en pouvait plus d’aller le récupérer à l’urgence) pour transférer sa passion et devenir le troisième membre de ce que l’on va appeler l’équipe Racing Barrette! SVP ne me taper pas sur les doigts d’avoir choisi un nom d’équipe anglophone, car si l’équipe porte ce nom, c’est plutôt un clin d’œil à mon tout premier personnage de scène que j’ai proposé à mes débuts il y a bientôt 35 ans sur la scène du Club Soda à Montréal aux lundis des ha! ha! Personnage né bien avant hi ha tremblay qui se déclarait pilote officiel de formule 1 pour la compagnie Studebaker et qui dans la vie de tous les jours conduisait un Playmouth Duster tellement « jaker » qu’il était plus facile pour lui de conduire en regardant par le toit ouvrant que par le pare-brise avant. Tellement « jaker » que la véritable raison pour laquelle il portait la ceinture de sécurité c’était pour ne pas tomber sur le volant. Alors, c’est donc un clin d’œil à mes débuts comme humoriste qu’on a décidé de nommer l’équipe : Racing Barrette!

 

Quand on décide de faire des courses, on devient aussi impatient qu’un adolescent à sa première date. Ainsi, comme on a reçu la voiture quelques semaines avant Noel, et qu’on avait trop hâte de la mettre sur la piste, on a fouillé sur internet pour tenter de trouver une course quelque part dans le sud des États-Unis, car au Québec attendre que la neige fonde avant de faire des courses c’est aussi pénible que d’attendre dans le traffic le matin en tentant d’entrer sur l’ile de Montréal… Plusieurs minutes de fouilles… BINGO! Les 10 heures de Sebring en Floride… le 31 décembre! Essayer d’expliquer à ma femme qu’on va célébrer le nouvel an avec le casque intégral sur la tête et le pied dans le fond au lieu de la tourtière et des pâtés de viande. À trois contre un, on a gagné! Quelques coups de téléphone auprès des organisateurs de cette course d’endurance, qui au début de notre conversation ne comprenait d’abord vraiment pas le but de notre exercice « – Vous allez vraiment vous taper 3 jours de route pour venir courir en Floride?  Êtes-vous fou ou quoi? » Ensuite, tenter de leur expliquer quel était notre voiture de course, car il faut comprendre que la micra n’est pas distribué aux États-Unis. « - Micra, what the fuck is that??? » Je crois d’ailleurs que c’est par exaspération qu’il a fini par dire : « - ok ok crazy quebekers, bring you’re super car, we’re waiting for you! » et c’est parti!

 

La voiture dans la remorque, accrochée derrière le camion Nissan Titan (on est conséquent ou on l’est pas…) hit the road Jack! Ma femme a décidé de prendre l’avion, de louer une maison à Sebring qui, en passant, est vraiment situé au milieu de nulle part au centre de la Floride, avec Jonathan notre plus jeune garçon de 10 ans. 3 jours plus tard, arrivé de l’équipe Racing Barrette à Sebring. Disons qu’on était pas mal moins attendu que Lance Stroll l’était attendu lors du dernier Grand Prix de Montréal. Pas grave! On est low profil mais motivé! En plus, la veille de la course, nous attendons l’arrivée de mon ami Normand Coupal père de Xavier Coupal d’un champion de la coupe Nissan Micra qui a décidé de prendre l’avion pour participer à notre aventure. Un aller-retour de 48 heures! Quand on est fou, on a des amis qui sont aussi fou que nous autres! Normand prend sa voiture, roule jusqu’à Burlington, fait face à une douanière américaine avec un air de bœuf qui vient avec sa job et qui le retarde tellement aux douanes qu’il rate son avion… retour à la maison… il m’appelle désolé pour me dire qu’il va finalement reprendre l’avion du lendemain soir, qu’il arriver très tard à Orlando, louer une voiture, arriver à une heure du matin à Sebring, je lui dis pas de problème la voiture de course est neuve, elle va passer l’inspection sans problème… « - Le seul hic mon Normand c’est que si tu arrives à une heure du matin, j’avais prévu arriver à la piste à 4 heures du matin pour être les premiers en ligne pour l’inscription, l’inspection et la préparation » silence au bout de la ligne. Puis réponse de Normand : « - pas de problème, je dormirai après les fêtes! » C’est donc sans Normand, qu’on s’est présenté à la piste de course. Je trouvais notre micra plutôt timide quand j’ai aperçu les bolides des autres pilotes. Porsche, BMW, Mustang modifiée, etc. Subitement, je me sentais comme un ado maigrichon dans la cour d’école entouré des « bullys » prêt à nous arracher les oreilles. La série Chump Car dans laquelle nous allions faire notre première course pourrait s’appeler la série Mad Max, car comme le pilote tout en muscle de la Mustang nous a affirmé à notre arrivée : «  les gars vont vous tuer, y vont vous passer d’ssus et vous faire cuire en BBQ à leur prochain tailgate party… rassurant!

 

Première étape : inspection! On s’est dit pas de problème, la voiture est neuve, tous les équipements de sécurité sont en place. On va passer ça haut la main. Erreur! Aussitôt planté devant les inspecteurs, sa première phrase de gentillesse fût : « - you have a problem! » Quoi!!!??? En effet, la seule vitre autorisée dans la série Chump Car est le pare-brise… il me dit que juste ça, on ne passera pas l’inspection, donc pas de courses pour nous… je lui réponds :

 

-         donnez-moi une masse! 

-         une masse pour quoi? » 

-         pour casser toutes les vitres!, on s’est pas tapé 3000 km de route, dont la moitié sur la glace, pour me faire dire qu’on court pas!

 

Il me dit avant de casser les vitres, attendons voir s’il y autres choses qui cloche. Il ouvre la portière et me dit :

 

-         Vous voyez vous n’avez qu’une seule barre de protection latérale principale. Il vous en faut deux! Et en passant, la « kill switch » (interrupteur de courant pour la voiture en cas d’accident) que vous avez à gauche du tableau de bord doit être au centre du tableau de bord.

 

En beau français, on est dans la m….! Je me vois déjà en train d’expliquer à ma femme que non seulement on ne passe pas le jour de l’an en famille chez son grand-père à l’Isle-aux-Coudres, mais qu’on est venu ici absolument pour rien! Les trois racers sont plutôt découragés. Comment voulez-vous enlever les vitres, souder une deuxième barre de protection latérale et transférer la « kill switch » au centre de tableau de bord durant les quelques heures qui nous restent avant 17h fin de l’inspection. Heureusement, notre petit bolide attire l’attention de tous les pilotes américains. Je ne sais pas si c’est parce qu’ils anticipent déjà de nous pousser dans le mur ou simplement parce qu’il décide subitement de devenir sympathique, mais le monsieur muscle à la mustang me dit devant tous les autres pilotes américains : on va vous aider! Il saisit son cellulaire, appelle un de ses amis dont la shop de soudure est située à 35 minutes de la piste, le convint de nous prendre en urgence pour régler le cas de notre barre latérale. C’est ok, il nous attend. L’américain me sourit et me dit par contre le temps qu’on va prendre pour rembarquer la voiture dans la remorque, l’attacher solidement, se taper 35 minutes de route, détacher la voiture et la sortir de la remorque pour faire la réparation, ensuite l’embarquer et ré-attacher la voiture, se retaper 35 minutes de route, re-détacher et sortir la voiture de la remorque pour l’inspection finale, on aura jamais le temps de tout faire ça avant 17h…. sans compter, les autres correctifs à apporter à la voiture. Je lui dit donc : c’est fini pour nous? Il me pique un grand sourire et me dit : «  au moins que… »

 

-         À moins que quoi?

 

J’ai deviné son plan de fou. Prendre la voiture de course, rouler 35 minutes sur la route sans plaque d’immatriculation en Floride avec le risque évident de me faire coller par la police, de voir la voiture remorquée et saisie sans oublier la réaction sûrement catastrophique d’un policier américain devant un wannabe racer québécois qui enfreint toutes ses lois! J’hésite une demi-seconde puis on est parti. Je prends la route, je roule 140km/h dans une zone de 70km/h, soit le double de vitesse permise, comme si rajouter un ticket de grande vitesse excessive allait aider ma cause. Subitement… BANG!... Lors de l’inspection, les responsables avaient tirés les crochets de sureté du capot et ont oublié de les remettre. C’est ce même capot qui vient de m’ouvrir en pleine face et qui est maintenant appuyé sur mon pare-brise à 140km/h. Je ne vois plus rien, je saute sur les freins et je me range sur le bas côté. Ça va pas ben! M. Muscles qui me suit avec sa camionnette, semble soudainement aussi découragé que moi! Huston we have a problem! On se dépêche de défaire nos lacets pour raccrocher le capot qui pentures maintenant pliées ne peut plus rejoindre son point d’ancrage. Retour sur la route, toujours aussi vite, arrivé à la shop de soudure. Une clôture fermée à clé, des voitures rouillées partout, 12 pitbulls et 6 émules de zizitop qui attendaient notre arrivée. J’ai plus l’impression qu’ils vont me couper en tranches qu’on va me réparer. Ils étaient finalement super gentils, se sont quand même payé ma gueule, mais ont fixé le problème. Les pentures du capot ont été enlevé pour pouvoir le remettre à sa place, on a remis les crochets de sécurité. Retour à la piste à 140km/h. Maintenant on attaque l’histoire des vitres et du kill switch. Les pilotes américains sont allés voir l’inspecteur pour lui dire qu’ils comprenaient qu’on ne veut pas avoir de débris de vitres en cas d’accident et que si on mettait du collant transparent sur la vitre arrière et sur les vitres latérales, ça aurait comme effet de les garder sécuritairement en place. Un autre pilote, qui nous voyant tenter de transférer la kill switch au centre du tableau de bord, tâche véritablement compliquée, laisser tout en place j’ai une idée. Il a pris un petit câble, qu’il a monté le long de la cage de sécurité, traverser sous le toit jusqu’à la portière côté passager, former un petit anneau, m’a ensuite regarder et dit : c’est maintenant à toi de les convaincre que tout est ok! J’ai été le dernier à l’inspection, tous les pilotes nous entouraient, je me sentais comme à 15 ans devant dans le bureau du directeur de mon école après l’une de mes folies d’ado, et j’ai donné un show! Ouvre la portière, regardez comment les américains travaillent bien lorsqu’il est temps de corriger des erreurs des québécois. Ensuite, pointant les vitres recouvertes de collant adhésif, je leur dis : même si je vois moins bien derrière, c’est pas grave, car je sais que tous les pilotes américains seront devant moi et non pas derrière et pointant maintenant la kill switch double, voyant comment l’ingéniosité des américains me permet maintenant de n’avoir non pas qu’une seule kill switch mais bien deux, une à gauche de mon tableau de bord et une autre qui pend par la vitre côté passager. En m’adressant à tous les pilotes, je leur dit : grâce à vous américains, je vais rouler dans la voiture la plus sécuritaire qu’un pilote québécois n’a jamais piloté! Il manquait juste l’hymne national américain pour terminer mon speech! Plus vendu que ça tu meurs! Mais que voulez-vous la fin justifie les moyens. J’aurais presque été prêt à voter pour Trump pour pouvoir courir sur cette piste légendaire. Tous les pilotes ont applaudit à la fin de mon numéro de patriotisme. L’inspecteur a approuvé la voiture, m’a fait un salut militaire, on court demain! Yes!

 

Mon pauvre Normand est arrivé à une heure du matin après 3 heures de vol et 2 heures de route. Je le réveillais à sa chambre à 3 heures du matin et c’est comme un vaillant soldat qu’il me rejoignait quelques minutes plus tard dans le lobby de son hôtel. Nous étions aussi excités qu’un enfant qui allait voir le père Noël. Quelle belle journée de course se fût! Mon fils Nicolas et moi, nous sommes échangés le volant à raison d’une heure chaque. Nous avons parcouru en une journée l’équivalent d’une saison complète de la coupe Nissan Micra et malgré que nous avions la voiture la moins puissante, des 33 voitures inscrites nous avons quand même terminé en milieu de peloton. Une des plus belles journées de notre vie! Drapeau rouge, drapeau jaune, sortie de route, tout y était. Je me souviendrai toute ma vie d’un pilote de BMW qui rageait de me voir systématiquement le dépasser dans chaque série de virage et qui n’avait que les longues lignes droites pour se faire croire qu’il était plus rapide. Mon fils Nicolas a réussi à faire des meilleurs temps que son père ce qui augure très bien pour la saison prochaine. Martin qui nous servait de mécano nous a convaincu qu’il était sérieux et qu’il désirait vraiment échanger les guidons de son motocross pour le volant de la Nissan Micra. L’équipe Racing Barrette est née. Nous célébrons le premier de l’an en famille et ma femme vient de m’annoncer qu’elle part demain matin avec Jonathan pour Walt Disney World. C’est ben l’fun vos courses, bravo les boys mais je n’endurerai pas vos odeurs d’huile et de caoutchouc brûlés pour le reste des vacances! On s’en va voir Mickey! Mon ami Normand a repris la voiture louée, est retourné à Orlando le soir même de la course, repris l’avion direction Montréal. Un aller-retour de 24 heures pour venir aider son chum! Merci Normand!